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Gloire et décadence

Editorial La Presse

La majorité écrasante de la classe politique, et tout particulièrement certains présidents de partis, Ennahdha en tête, est aujourd’hui contestée. On ne voit pas, sinon très peu, ceux parmi eux qui font aujourd’hui l’unanimité au sein du paysage politique. De la gloire à la décadence, les jugements ont pris ces derniers temps une nouvelle forme. Ils se sont transformés en des campagnes de dénigrement, en une révolte contre l’ordre établi. Même s’il continue à bénéficier d’une légitimité historique, l’exemple de Rached Ghannouchi, président du mouvement islamiste, est significatif.  Il est aujourd’hui la cible de critiques de plus en plus virulentes à l’intérieur et en dehors de son parti. Evidemment, il serait aisé de se focaliser sur un dirigeant politique ayant touché aux limites de sa carrière et de son parcours, ou un parti en perte de crédibilité et de repères.    

La faute à qui ? A tout le monde et à personne, comme bien souvent lors d’un échec collectif. Evidemment, personne n’est exempt et les responsabilités sont multiples aux différents niveaux. Finalement, c’est presque tout le paysage politique qui est entré dans une phase de décomposition, de confusion et de contestation. Certains partis sont devenus ingérables parce qu’ils n’ont pas réussi à évoluer et leur capital confiance auprès de leurs membres et de leurs adhérents s’est avéré tout simplement artificiel. Plus encore : ils se montrent de plus en plus incapables d’ajuster leurs programmes et leur marge de manœuvre en fonction des attentes et des espoirs des Tunisiens.

Y a-t-il aujourd’hui de bons ou de mauvais partis politiques? Ou tout simplement de bons partis au mauvais moment? Tout ce que l’on peut dire est qu’au sein de la classe politique, il y a plus d’acteurs parachutés que d’acteurs  de grande stature et influents, plus de novices que de « sphinx».

Reconnaissons en passant que certains autres, et même s’ils ne sont pas nombreux, ont réussi à imposer leur empreinte, à peser sur les choix stratégiques, à agir sur les équilibres et les enjeux politiques. Ils ont le mérite de se construire, pas seulement dans les moments favorables, mais aussi et surtout dans les contextes difficiles.

Au fond, le paysage politique tunisien, qui a essayé presque tous les profils, a-t-il fait évoluer le rôle des partis ?

S’en remettre au bon sens ou à la vision des différents acteurs politiques  n’est pas un pari facile, tant le destin des partis aurait dû être confié à ceux qui le méritent vraiment. La preuve : les déboires se succèdent avec pour conséquence le désenchantement et l’exaspération des Tunisiens.

Il faut dire qu’au-delà des contestations et de la légitimité des uns et des autres, des clivages droite-gauche, c’est la vocation des acteurs politiques qui est ainsi mise en cause. Leur rôle et leurs prérogatives sont de plus en plus pointés, de plus en plus contestés. Certes, la pluralité et les échanges ne sont pas rejetés, mais sans engendrer la diversité des idées qui est synonyme pour beaucoup de division, donc de complot. Car dans son immense majorité, la classe politique ne veut surtout pas qu’on empiète sur ses plates-bandes.

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